Pour la Cnil, la « smart city » est un concept urbain permettant d’améliorer la qualité de vie des citadins en rendant la ville plus adaptative et efficace, à l’aide de nouvelles technologies qui s’appuient sur un écosystème d’objets et de services. Le périmètre couvert inclut notamment les infrastructures publiques (bâtiments, mobilier urbain, etc.), les réseaux (eau, électricité, gaz, télécoms), les transports (transports publics, voitures électriques, covoiturage, vélo, etc.), les déchets, et la e-administration.
Sommaires
De multiples projets en France et en Europe
Dans le monde, Singapour fait figure d’exemple, notamment en matière de mobilité verte et d’open data. Des capteurs sont installés dans toute la ville et disposés sur le mobilier urbain afin d’analyser les comportements, de fluidifier le trafic et d’optimiser les déplacements. Grâce au partage de voitures électriques et à la gratuité modulable des transports, seuls 15 à 20 % des habitants sont équipés d’une voiture et 45 % utilisent chaque jour les transports en commun.
En Europe, Zurich s’est également dotée d’une infrastructure IoT particulièrement performante. La ville dispose notamment d’un système intelligent de gestion de bâtiments, d’un réseau de transports publics fiable et étoffé, et accorde une part importante aux énergies renouvelables. Copenhague, Hambourg, Barcelone, Amsterdam ou Oslo comptent aussi parmi les smart cities européennes les plus emblématiques.
En France, les villes qui ont pris le virage de la smart city sont nombreuses : Paris, Marseille, Nice, Toulouse, Dijon, Angers… Nantes se distingue par ses réalisations en matière d’open data : trois sites internet et plus de 500 types de données sont déjà accessibles par tous en temps réel. Au cours des six dernières années, une cinquantaine d’applications mobiles ont été lancées, qui permettent d’optimiser les déplacements des usagers, de réaliser ses démarches administratives et d’avoir accès à des informations utiles. Lyon, élue en 2015 1re ville intelligente de France et 10e d’Europe par le Parlement Européen, dispose également d’un réseau intelligent de données très développé et déploie des solutions innovantes pour la gestion de l’énergie. Plus de 340 M€ ont déjà été investis dans des projets smart city par les partenaires de la ville.
Les nombreux acteurs du marché de la smart city
Selon les calculs de Xerfi Innov, entre 2008 et fin mars 2020, les quelque 250 projets de smart city en France ont généré 4,4 milliards d’euros d’investissements… Et entre 2020 et 2023, les investissements cumulés des 40 premières agglomérations françaises atteindront 1,1 milliard d’euros. L’avenir du marché en France semble aussi se dessiner du côté des villes moyennes, qui cherchent à s’équiper en solutions connectées pour faire des économies et améliorer la qualité de vie des habitants. Au final, Xerfi évalue le marché en 2022 à au moins 500 M€.
Ce marché intègre une centaine d’acteurs privés d’horizons divers, au premier rang desquels on trouve les fournisseurs de solutions applicatives comme les majors du BTP (Bouygues, Vinci, Eiffage), les énergéticiens (EDF, Engie), les transporteurs (Transdev, Keolys) et les spécialistes de la gestion de l’eau et des déchets (Suez, Veolia). En amont, les fournisseurs de technologies jouent un rôle de facilitateur en concevant les logiciels qui permettent de digitaliser les services collectifs. Les entreprises de services numériques (IBM, Microsoft, Capgemini) et les opérateurs et équipementiers télécoms (Orange, Huawei) sont aussi positionnés sur ce marché, ainsi que de nombreuses start-up.
Selon Berg Insight, principal fournisseur mondial d’études de marché IoT, les technologies des smart cities se déploient aujourd’hui à grande échelle. Dans son dernier rapport, cinq domaines clés sont identifiés : l’éclairage public, le stationnement, la collecte des déchets, le contrôle de la qualité de l’air et la surveillance des villes. A la fin de 2020, les lampadaires intelligents installés dans le monde ont ainsi atteint 16,2 millions d’unités… Et ce nombre devrait croître de près de 25 % par an pour approcher 50 millions fin 2025, l’Europe représentant 35 % du parc mondial.
L’éclairage intelligent, pilier de la smart city
Citelum, filiale d’EDF, est l’un des leaders dans ce domaine. Référence mondiale de l’éclairage, la société a développé une large gamme de services associés comme la gestion du trafic, le stationnement intelligent, la vidéoprotection, les capteurs de qualité de l’air ou la télégestion de l’espace urbain. Des centaines de collectivités lui ont déjà fait confiance : Dijon, Lille, Nice, Copenhague, Barcelone, Madrid, Rome, Mexico… Avec plus de 2.500 salariés, Citelum a réalisé en 2021 un chiffre d’affaires de 318 M€, dont 76 % à l’international.
Pour Copenhague, Citelum a ainsi rénové en LED la moitié du parc d’éclairage de la ville et a mis en place une plateforme de télégestion de l’éclairage permettant d’ajuster en temps réel l’intensité lumineuse des différents quartiers de la ville en fonction des besoins, du trafic ou du mode de vie des habitants. Résultats : 55 % d’économies d’énergie par rapport à l’ancien éclairage, et des émissions de CO2 diminuées de 20 %.
Citelum a également remporté récemment, en groupement avec Eiffage, le marché de la Ville de Paris pour l’éclairage public et la signalisation lumineuse, qui prévoit une réduction de 30 % de la consommation actuelle, mais aussi la mise en place d’une plateforme digitale de gestion de l’éclairage et des feux tricolores, ainsi que le déploiement de nouveaux services innovants, avec l’appui d’un écosystème de partenaires universitaires et privés.
Smart city et circulation des données : l’indispensable déploiement de la 5G
La smart city, ce sont aussi des réseaux pour intégrer toutes les innovations entre elles, et faire circuler les données, fluide vital de la « ville intelligente ». Concrètement cela repose d’une part sur des câbles à haut débit : fibre optique jusqu’à chaque local (Ftth), habitation ou lieu de travail, et d’autre part sur la 5G.
Les professionnels du secteur attendent d’ailleurs une forme d’effets boule-de-neige entre objets connectés et 5G. Comme le souligne Gianbeppi Fortis, PDG de Solutions 30, un des leaders européens : « les objets connectés et la 5G fonctionnant par capillarité, plus les innovations en termes d’application se multiplieront, plus les perspectives de déploiement s’élargiront. » Et si l’introduction de la 5G ne devrait pas révolutionner fondamentalement la vie des particuliers, elle devrait en revanche être déterminante pour faciliter le boom des activités socio-économiques connectées, dans les trois secteurs. « Les clients finaux de la 5G sont (…) surtout les entreprises avec le développement de l’usine 4.0, précise le dirigeant de Solutions 30, ou encore les collectivités territoriales, avec l’essor des smart cities, depuis la gestion des éclairages urbains à la sécurité en passant par le traitement des déchets. »
Des perspectives considérables qui se chiffrent à plusieurs dizaines de milliards € pour toute l’UE, investissements qui concernent au premier chef les métropoles, même si les zones rurales ne sont pas oubliées. Un rapport de la Cour des comptes européenne évoque le chiffre de 400 milliards € consacrés à la 5G d’ici à 2025. Un marché sur lequel Solutions 30 se positionne de manière ambitieuse, en complétant sa palette de compétence par le rachat d’entreprises spécialisées dans le déploiement de la 5G, comme par l’achat de Comvergent en Grande Bretagne, ou encore celui de Sirtel en Pologne.
En route vers le « smart building »
Les bâtiments intelligents et « zéro carbone » constituent également l’un des axes de la smart city. Dans ce domaine, la start-up Ubiant a vocation à exploiter les données et à optimiser les processus durant tout le cycle de vie du bâtiment, à l’aide d’un « jumeau numérique », réplique virtuelle, exacte et dynamique, du bâtiment existant dans le monde physique, et relié à celui-ci par un ensemble d’objets connectés.
La plateforme d’Ubiant combine la meilleure technologie 3D et un moteur d’intelligence artificielle bio-inspiré unique sur le marché. De puissantes fonctionnalités facilitent l’analyse des données et permettent d’équilibrer en temps réel confort et énergie. La start-up est le seul acteur français à proposer une solution d’intelligence artificielle industrialisée, multisite et multisource sur le marché des bâtiments intelligents. L’entreprise a notamment équipé plus de 250 établissements scolaires en France dans le cadre d’un contrat de performance énergétique.
En juin 2021, la start-up s’est alliée au fournisseur de technologies chinois Huawei pour développer des solutions de smart building et accélérer le déploiement des jumeaux numériques dans l’industrie du bâtiment. « Avec plus de 1,2 million de m2 équipés et plus de 20.000 utilisateurs, Ubiant possède une expertise forte dans le bâtiment connecté », souligne Emmanuel Olivier, son PDG. « L’alliance avec Huawei nous permettra de développer une solution de smart building qui favorise le passage à l’échelle d’une industrie en pleine croissance ».