La France déboursera 300 M€ dans un PIIEC européen consacré au Cloud souverain; Depuis quelques années, les entreprises ont progressivement arrêté d’investir dans leur propre système informatique en interne et se tournent davantage vers le cloud. Seulement, dès lors qu’elles ont fait ce choix, les entreprises ont accepté d’héberger leurs données chez une société américaine, vu que la grande majorité des hébergeurs Web dans le cloud sont des sociétés américaines.
Cela n’est pas sans conséquence fâcheuse pour les utilisateurs en Europe, car leurs données tombent automatiquement sous le coup du droit américain, ce qui pose quelques problèmes : instrumentalisation des données à des fins de guerre économique perpétrée par les américains ou encore espionnage industriel.
Pour remédier à ces problèmes, quelques pays de l’UE se sont réunis pour construire des clouds « souverains ». C’est-à-dire des infrastructures Cloud en Europe non soumises au droit intrusif d’une puissance étrangère. Pour réaliser le projet, la France envisage d’apporter une enveloppe de 300 millions d’euros.
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Cloud souverain en Europe : Pour Quand
La France déboursera 300 M€ dans un PIIEC européen consacré au Cloud souverain. Découvrez dans cet article où en est actuellement l’initiative européenne « cloud souverain ».
Qu’est ce qu’un PIIEC, ou IPCEI
De plus en plus utlisé par les Européenes, pour faire évoluer la technologie – Le Projet Important d’Intérêt Européen Commun (en anglais IPCEI pour Important Project of Common European Interest) est un mécanisme européen visant à promouvoir l’innovation dans des domaines industriels stratégiques et d’avenir au travers de projets européens transnationaux.
La communication PIIEC vise à faciliter l’émergence de projets de grande ampleur (Cloud, Intelligence Artificielle), qui apportent des bénéfices considérables à l’économie et aux citoyens de l’UE en remédiant aux importantes défaillances du marché dans les chaînes de valeur stratégiques, et c’est le cas pour toutes les technologies avancées.
La France et l’Allemagne renforcent leur coopération en matière de politique spatiale, notamment grâce à des programmes de type PIIEC ou similaires, pour aller à l’assaut des cieux, mais pour d’autres projets aussi, tels que les batteries pour les voitures électriques, la technologie 5 g, l’hydrogène, les lanceurs européens (développement de l’Arianne 6), et la santé.
Plus de PIIEC, pour faire émerger, les projets européens.
Bruno Le Maire, lors d’une conférence de presse en janvier 2022 a longuement plaidé pour un renforcement des chaines de valeurs stratégiques de l’Union européenne ( UE), et il entend bâtir un nouveau modèle économique européen, précisant même, nous ne voulons plus de la croissance pour la croissance.
Il souhaite s’appuyer sur les PIIEC et il l’a dit haut et fort «Nous allons d’abord nous appuyer sur les Piiec», car la crise actuelle COVID, nous a ouvert les yeux sur les faiblesses économiques qui sont inacceptables pour l’Europe, et il ne veut plus du dicton, « ce qui est peu cher, peut et doit se produire ailleurs qu’en Europe ».
12 états européens réaffirment leur désir de développer d’un Cloud souverain eu Europe
Le 8 février dernier, à l’occasion d’une conférence dédiée à la souveraineté numérique, 12 États européens ont réaffirmé leur désir de lancer cette année un Projet Important d’Intérêt Européen Commun (PIIEC) pour permettre le développement d’un Cloud souverain en Europe.
Ces pays sont ceux-là même qui en 2021 ont déjà commencé à élaborer la Commission européenne en charge de la réalisation du projet de soutien industriel au développement de technologies Cloud et Edge Computing en Europe, à savoir l’Allemagne, la Belgique, l’Espagne, la France, la Hongrie, l’Italie, la Lettonie, le Luxembourg, le Pays-Bas, la Pologne, la Slovénie et la République Tchèque,
Lors de la conférence, Robert Habeck, ministre allemand de l’économie et de la protection du climat, a annoncé que l’Europe va consacrer 7 Md€ à la construction d’un Cloud souverain, dont 750 millions seront mis à disposition par l’Allemagne. « C’est un projet majeur pour la politique numérique et industrielle de l’Europe », a-t-il expliqué. Un projet qu’il faut à tout prix concrétiser, car représente une offensive d’investissements pour la souveraineté stratégique de l’Union européenne.
La France investira 300 M€ dans le Cloud souverain
Lors de cette conférence sur la souveraineté numérique, la France a également réaffirmé, elle aussi, son désir de voir émerger des géants de la technologie qui concurrenceraient des sociétés comme AWS, Azure ou encore Google dans le domaine du Cloud Computing sur le sol européen.
Et pour preuve de son profond engagement dans le projet, sur une enveloppe totale estimée à 7 Md€, la France annonce qu’elle investira 300 millions d’euros. C’est moins que ce que va mettre l’Allemagne, mais la France figure tout de même parmi les plus grands contributeurs au projet.
Mais une question se pose : 300 millions d’euros ou bien les 7Md€, c’est beaucoup, trop peu ou bien est-ce suffisant ? Eh bien, selon les experts, même si les 7Md€ peuvent paraître une somme très importante, au regard des investissements massifs déjà réalisés par Google, Amazon, Microsoft, Meta et Apple pour construire des infrastructures Cloud, elle reste encore insuffisante.
Cela signifie qu’à l’avenir l’Union européenne devra encore augmenter l’enveloppe dédiée à la réalisation de ce projet si elle veut réellement concurrencer les géants américains dans ce domaine.
La France, pour sa part, est largement convaincue du succès de ce projet de financement ambitieux en faveur d’un Cloud européen, si l’on se réfère en tout cas à la déclaration faite le 7 février par Bruno Le Maire, ministre français de l’Economie et des Finances, lors de la conférence.
Pourquoi le Cloud souverain est-il nécessaire pour l’Europe ?
Il y a d’abord, le problème avec le Cloud Act. Le Clarifying Lawful Overseas Use of Data Act ou CLOUD Act est une loi fédérale des États-Unis sur l’accès aux données de communication (données personnelles), notamment opérées dans le Cloud, mais tous ces projets lourds risquent d’être remis en question par les obligations que l’I’EU tente d’imposer aux Gafam ou Gafami (si l’on inclue IBM dans le lot).
Le Cloud Act oblige les fournisseurs de Cloud américains à divulguer toutes les données en leur possession, garde ou contrôle, à la demande des autorités, qu’elles soient hébergées aux États-Unis ou dans des pays tiers. Cela signifie que le gouvernement américain peut légalement espionner toute entreprise qui détient des informations stockées dans des bases de données d’entreprises américaines, ce qui viole le règlement général sur la protection des données (RGPD) en vigueur dans toute l’Union européenne.
L’autre raison est d’ordre patriotique. Tout simplement, la domination des fournisseurs de solutions hyperévolutives comme Google et AWS est trop écrasante. Et au rythme où les choses évoluent en ce moment, l’Europe sera pour toujours dépendante de ces entités domiciliées aux États-Unis pour héberger ses données si l’écart n’est pas rattrapé dès maintenant. Il est donc urgent que l’Europe, ou plus précisément des entreprises européennes possèdent leurs propres infrastructures Cloud.
Enfin, il y a une troisième et dernière raison tout aussi importante, celle de donner aux utilisateurs européens plus de choix. Lors de la conférence, le directeur général d’OVHcloud a félicité l’initiative de l’UE. Selon lui, la création d’un Cloud souverain est nécessaire, car elle offre aux utilisateurs « la liberté de choisir et de maîtriser leurs destins ».
Un PIIEC pour le Cloud souverain, un projet qui ne présente que des avantages
Un PIIEC, pour ceux qui l’ignorent, est un mécanisme européen visant à promouvoir l’innovation dans les domaines industriels stratégiques et d’avenir au travers de projets européens transnationaux. Ne concernant qu’un groupe d’états et non tous les pays membre de l’UE, il s’agit d’un mécanisme plutôt intéressant, car permet à quelques États de se réunir pour fiancer des initiatives qui peuvent figurées en dehors des limites habituellement fixées par la réglementation européenne en matière d’aides d’Etat.
Ce PIIEC pour le Cloud souverain, nous l’avons évoqué plus haut, propose de nombreux avantages en matière d’utilisation, de protection et de sécurisation de données pour les utilisateurs.
Les PIIEC de manière générale, quant à eux, sont aussi appréciés pour les retombées économiques qu’ils génèrent. Ce projet, explique Cédric O, Secrétaire d’État chargé du Numérique de la République française, créera de la valeur et de l’emploi Europe. « Il permettra à des entreprises, des laboratoires et des académiques européens de s’associer et soutiendra l’émergence des champions technologiques français et européens du cloud », a-t-il déclaré.
Auteur Antonio Rodriguez, Editeur et Directeur de Clever Technologies
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