La branche russe de Google dépose le bilan après avoir écopé de lourdes amendes ; Interrogé par ZDNet, un réseau de sites web spécialisés dans les nouvelles technologies, Google a confirmé le 18 mai dernier leur intention de déposer le bilan après que des amendes importantes imposées par Kremlin ont conduit au gel de son compte bancaire local.
Dans son obsession de la souveraineté numérique, surtout depuis le début de la guerre en Ukraine, le gouvernement de la fédération de Russie multiplie les amendes, les censures, les saisies et la répression à l’encontre des entreprises technologiques et des médias étrangers. L’objectif, selon les observateurs, est de museler les médias étrangers et rétrécir l’Internet russe pour un meilleur contrôle de l’information dans le pays.
Ainsi, après le blocage de Facebook en mars dernier, c’est autour de Google de disparaître du paysage Internet russe. Notez toutefois que le moteur de recherche a déjà annoncé qu’il continuera de proposer dans le pays certains de ses services gratuits.
La branche russe de Google dépose le bilan après la saisie de ses actifs par Moscou, Découvrez plus en détails dans cet article les raisons de cette décision de Google de quitter la Russie.
Sommaires
Google n’a plus de présence en Russie, mais reste sur le Web russe
Après que les autorités aient saisi le compte bancaire de la filiale russe de Google, cette dernière n’était plus capable de poursuivre pleinement ses opérations dans le pays, ce qui l’a finalement conduit à annoncer son dépôt de bilan. La société aurait prévu sa propre faillite et son incapacité à respecter ses obligations monétaires depuis le 22 mars.
Selon un porte-parole de Google, à cause de la saisie du compte bancaire de la société, Google ne pouvait plus faire fonctionner son bureau, payer les employés, les fournisseurs et les vendeurs, embaucher ou encore répondre à ses engagements et obligations financières.
Notez toutefois que c’est l’entreprise qui ferme ses portes ! Une bonne partie des services de Google resteront disponibles sur le Web russe. Cela signifie que les internautes pourront toujours utiliser les services gratuits comme le moteur de recherche, YouTube ou encore Google Maps. Ils ont continu aussi d’accéder à leur compte Gmail, Android, Play Store et bien d’autres encore.
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Qu’est-ce que ce dépôt de bilan implique-t-il vraiment ?
Google ferme ses portes en Russie. Puisque la filiale n’est plus en activité, elle a dû suspendre une bonne partie de ses opérations commerciales. Google ne vendrait plus des publicités dans le pays et aussi mis sur pause ses services de cloud computing.
En parallèle à tout cela, cette filiale de la société Alphabet, en guise de riposte aux sanctions imposées par les autorités russes, a aussi de son côté fermer des chaînes YouTube russes associées à des médias financés par l’Etat russe en raison de leur couverture de l’invasion.
Google en Russie pour information, c’est environ 2 milliards d’euros de revenus par an. L’entreprise a fait en 2021 environ 2.12 milliards de roubles et employait avant sa fermeture plus de 100 travailleurs, qui seront délocalisés ailleurs dans le monde, selon le communiqué de Google.
La branche russe de Google sous pression en Russie depuis plusieurs mois
Google a déjà eu quelques problèmes avec les autorités russes depuis fin 2021. En effet, en décembre, un tribunal de Moscou a décidé que YouTube devait débloquer le compte d’une chaîne de télévision sanctionnée appartenant à un allié de Poutine.
Mais c’est depuis de la guerre en Ukraine en mars 2021 que les attaques se sont multipliées. Google a notamment reçu plusieurs amendes pour avoir omis de supprimer du contenu et a encouru des sanctions pouvant aller jusqu’à 1 milliard de roubles (15,5 milliards de dollars).
Pour rappel, suite à cette affaire de contenus jugés illégaux, la Russie a banni Google News de l’Internet russe, avec pour motif la diffusion d’information « peu fiables » sur la guerre en Ukraine.
Retour sur la condamnation qu’a écopé Google en Russie en avril dernier
MOSCOU, 21 avril, le tribunal de district de Tagansky à Moscou a condamné Google à une amende de 7 millions de roubles (86 394 $) pour avoir distribué des vidéos de propagande du régiment Azov et du soi-disant corps ukrainien volontaire du Secteur droit (interdit en Russie), ainsi qu’un certain nombre d’autres organisations interdites sur YouTube.
Outre cette amende de 86 394 $, les autorités russes ont également exigé la suppression des vidéos de YouTube, plus précisément de la chaîne YouTube officielle d’Alexey Navalny et de l’organisation non gouvernementale ukrainienne Free Idel-Ural, où elles étaient hébergées, une requête que Google a refusée, ce qui a conduit le tribunal russe a augmenté l’amende.
Rappelons aussi quelques jours seulement avant cette condamnation du tribunal de district de Tagansky, un autre tribunal avait déjà condamné Google à une amende de 4 millions de roubles (50 124 $) pour avoir diffusé de faux rapports sur les pertes des forces armées russes au cours de l’opération spéciale en Ukraine et sur les victimes parmi les résidents locaux.
Toutes ces condamnations entrent dans le cadre d’une lutte plus large en Russie pour contrôler le flux d’informations provenant des entreprises technologiques et des médias étrangers. Et elles ont été finalement fatales pour la filiale russe de Google, ce qui a conduit à ce dépôt de bilan.
Les russes enfermés, dans une bulle hors de l’Internet mondial
Depuis le début de la guerre en Ukraine, le Kremlin multiplie les actions qui visent à réduire l’Internet russe, espérant ainsi couper la Russie du reste du monde, à l’abri de toutes informations qui pourraient leur nuire.
Zhanna Agalakova, la correspondante à Paris de la première chaîne russe Pervi Kanal (Channel One), dans les locaux de Reporters sans frontières le 22 mars dernier, a appelé ses compatriotes russes d’arrêter d’accepter « d’être zombifiés » par les médias russes et de commencer à « rechercher des informations alternatives ». Selon elle, la situation dans le pays est telle qu’aujourd’hui que « un seul point de vue est donné dans les médias russes, celui de Vladimir Poutine ».
Avec le blocage des réseaux sociaux Facebook, Instagram ou encore Twitter, actions que Kévin Limonier, maître de conférences en études slaves à l’Institut français de géopolitique et directeur scientifique de l’observatoire du cyberespace russophone, qualifie d’extrêmes, il pense que la Russie est prête à se battre contre la nature même d’Internet, qui selon lui est la liberté, pour les ambitions géopolitiques de Poutine.
Blocage des réseaux sociaux Facebook, Instagram et Twitter, la mise hors service du site en russe de l’ONG Amnesty, l’ordre qui a demandé à ce que tous les serveurs et domaines doivent être transférés vers la zone Russie, les multiples amendes données à Google conduisant à son dépôt de bilan dans le pays ou encore la fermeture récente du média Novaïa Gazeta, symbole du journalisme indépendant dans le pays… Voilà quelques preuves de l’obsession de la souveraineté numérique du Kremlin !
Auteur Antonio Rodriguez Editeur et Directeur de Clever Technologies