Elle joue un rôle majeur dans la fonction urinaire, sexuelle et reproductive chez l’homme. Il faut savoir qu’elle peut être touchée par différentes maladies lors de l’avancée en âge. C’est notamment le cas lorsqu’elle augmente de volume, on parle alors d’un adénome de la prostate.
Cette pathologie, très courante à partir de 50 ans, entraîne des troubles urinaires, comme une diminution de la force du jet d’urine ou une augmentation du rythme des mictions.
Le docteur Jean-Pierre Giolitto, qui exerce l’urologie au sein du CHPCB de Paray-le-Monial, vous présente dans ce dossier toutes les caractéristiques de l’adénome de la prostate : ses symptômes, les traitements, les examens, les complications ou encore les actions de prévention.
Sommaires
Qu’est-ce que l’adénome de la prostate ?
L’adénome de la prostate, que l’on retrouve également sous le nom d’hypertrophie ou hyperplasie bénigne de la prostate (HBP), est une pathologie bénigne et non cancéreuse. Il est en effet important de rappeler ici que l’adénome et le cancer de la prostate sont deux maladies bien distinctes mais qui peuvent parfois coexister.
Le docteur spécialisé en urologie Jean Pierre Giolitto précise que le poids de la prostate augmente de la naissance jusqu’à l’âge adulte. Elle se stabilise entre 15 et 20 grammes. Mais à partir de 40 ans, elle augmente petit à petit de volume.
L’adénome de la prostate représente ainsi la tumeur bénigne la plus courante chez l’homme. Cette pathologie est en effet présente chez plus de 80 % des hommes à partir de la cinquantaine. Son incidence passe de 8 à 90 % entre la quatrième et la neuvième décennie.
Dans les faits, l’adénome de la prostate se développe au niveau des éléments musculaires, glandulaires et fibreux de la glande. En augmentant de volume, elle va comprimer l’urètre ce qui entraîne dans la majorité des cas des symptômes urinaires. Il faut savoir que près de deux millions d’hommes sont touchés par des problèmes urinaires en France. L’hypertrophie bénigne de la prostate est souvent à l’origine de ces dysfonctionnements.
Jean-Pierre Giolitto présente les facteurs de risque de l’adénome de la prostate
- Jean Pierre Giolitto indique que l’adénome de la prostate est multifactoriel.
Il existe deux principaux facteurs de risque de cette pathologie, à savoir le statut hormonal du patient et son âge.
En outre, des facteurs de progression de l’adénome, autrement dit l’apparition de signes cliniques, ont été identifiés : l’âge, le volume de la prostate et le taux de PSA sérique (l’ antigène spécifique de prostate).
Une des théories mises en avant pour tenter d’expliquer l’adénome de la prostate repose sur le fait que la prostate commence à se développer du fait d’une perturbation de l’équilibre entre la testostérone (qui est l’hormone mâle) et les œstrogènes (les hormones femelles), qui sont présentes en faible quantité chez l’homme.
Il faut savoir que la production de testostérone diminue chez l’homme avec l’avancée en âge, ce qui modifie le ratio classique entre testostérone et œstrogène. Des études chez l’animal ont démontré que ce dérèglement de l’équilibre hormonal génère une réaction en chaîne qui aboutit à une multiplication cellulaire à l’origine de l’adénome de la prostate.
Par ailleurs, l’accumulation de de la dihydrotestostérone (DHT), un précurseur de la testostérone dans la chaîne de synthèse, serait pointée du doigt. Elle pourrait en effet stimuler la division des cellules de la prostate. Les phénomènes inflammatoires pourraient également favoriser le développement de l’adénome de la prostate.
Enfin, d’autres facteurs sont également intimement liés à cette pathologie, comme le diabète, l’obésité ou encore l’inactivité physique.
Quels sont les symptômes de la prostate ?
Le docteur spécialisé en urologie Jean Pierre Giolitto explique que l’adénome de la prostate n’entraîne pas forcément de symptômes. Mais, selon les patients, ils peuvent apparaître à des degrés différents. A ce sujet, il convient de préciser que l’intensité des symptômes n’est pas liée à la taille de la prostate.
Une étude de Mac Farlane, qui portait sur 2 000 hommes de plus de 50 ans, a démontré que :
- 20 % ne présentaient aucun symptôme ;
- 60 % affichaient des symptômes modestes (IPSS* < 7) ;
- 15 % avaient des symptômes modérés (IPSS entre 13 et 20) ;
- 5 % souffraient de symptômes sévères.
(* IPSS : International Prostate Symptom Score. Il s’agit d’un un outil de dépistage, d’aide au diagnostic et au suivi des symptômes de l’hypertrophie bénigne de la prostate).
Quoi qu’il en soit, si des symptômes sont présents, ils sont avant tout caractérisés par des troubles urinaires, à savoir :
- une pollakiurie, c’est-à-dire des mictions fréquentes mais de faible abondance, qui surviennent souvent la nuit puis la nuit et le jour ;
- une dysurie, qui sont des difficultés pour uriner ;
- une faiblesse du jet ;
- des envies urgentes d’uriner ;
- un dysfonctionnement sexuel.
Comment est diagnostiqué l’adénome de la prostate ?
En cas de symptômes du bas appareil urinaire (SBAU), le professionnel de santé, comme le docteur Jean-Pierre Giolitto, peut rapidement poser son diagnostic pour un adénome de la prostate.
Toutefois, l’urologue peut demander à son patient de passer des examens complémentaires.
#1 Le toucher rectal
Le toucher rectal, qui doit être réalisé la vessie vide, consiste à introduire un doigt ganté et lubrifié dans le rectum. L’urologue peut ainsi mettre en évidence des signes caractérisant l’adénome de la prostate en analysant sa taille, sa forme et sa consistance. Un adénome est en effet lisse, souple et élastique.
#2 La débitmétrie mictionnelle
Cet examen permet de mesurer le débit urinaire lors de la miction. L’urologue, à l’image de M. Jean Pierre Giolitto, peut également détecter l’éventuelle présence d’un obstacle à l’évacuation des urines.
#3 La cystoscopie
La cystoscopie peut être prescrite pour explorer la paroi interne de l’urètre. Cet examen permet de préciser le diagnostic mais aussi de guider le spécialiste dans le choix du traitement.
#4 L’échographie
L’urologue peut avoir besoin d’une échographie pour vérifier les dimensions de la prostate et son anatomie. Il peut également constater les éventuelles conséquences sur la vessie (calculs, diverticules, rétention…) mais aussi s’assurer de l’état des reins.
Quel est le traitement de l’adénome de la prostate ?
Jean-Pierre Giolitto précise que le traitement de l’adénome de la prostate n’est pas forcément systématique. Si le patient ne souffre pas (ou peu) de symptômes, et que la vessie se vide bien, une simple surveillance régulière peut être recommandée.
Il est en effet malgré tout important de s’assurer qu’aucune complication ne survienne et des règles d’hygiène de vie doivent alors être adoptées.
Il est important d’informer, d’éduquer et de rassurer les patients sur les éventuelles évolutions de l’adénome de la prostate.
Lorsque l’adénome nécessite un traitement, l’urologue prescrit alors en premier lieu des médicaments à son patient. En cas d’échec (environ 10 % des cas), la chirurgie peut alors être envisagée.
Le traitement médical de l’adénome de la prostate
Les médicaments de l’adénome prostatique correspondent à trois classes spécifiques que M. Jean Pierre Giolitto nous présente.
#1 Les alpha-bloquants
Ces médicaments agissent sur le relâchement du col de la vessie et de l’urètre prostatique.
#2 Les inhibiteurs de la 5-alpha réductase (I5AR)
Ces médicaments permettent de diminuer le volume de la prostate.
#3 Les extraits de plantes ou la phytothérapie
Certaines plantes, comme le prunier d’Afrique ou l’extrait de palmier, ont des vertus qui favorisent la décongestion prostatique.
#4 Les inhibiteurs de la phosphodiestérase 5 (IPDE5)
Ces médicaments, apparus assez récemment, sont utilisés pour traiter les troubles de l’érection. Ils peuvent également améliorer le confort urinaire.
Le traitement chirurgical de l’adénome de la prostate
L’urologue peut recommander à son patient une chirurgie de l’adénome de la prostate. C’est notamment le cas si :
- les symptômes sont intenses malgré un traitement médicamenteux ;
- le patient présente une intolérance aux médicaments ou si des effets indésirables apparaissent ;
- des complications surviennent.
Le docteur Jean Pierre Giolitto précise qu’il existe plusieurs types d’interventions chirurgicales pour traiter l’hypertrophie bénigne de la prostate.
#1 La résection endoscopique de la prostate
Il s’agit de l’intervention la plus couramment pratiquée, bien qu’elle soit de plus en plus remplacée par l’intervention au laser comme le souligne le docteur Jean-Pierre Giolitto. Elle consiste à introduire un tube métallique muni d’une optique et d’une caméra (appelé « endoscope »). Le chirurgien découpe alors l’adénome prostatique en copeaux.
#2 L’adénomectomie par voie sus-pubienne
Cette méthode est la plus ancienne et s’adresse aux patients avec une prostate présentant un gros volume. Le professionnel de santé incise la partie basse de l’abdomen pour atteindre la prostate. Il peut alors enlever l’adénome.
#3 La vaporisation prostatique au laser
Cette intervention remplace de plus en plus la résection endoscopique de la prostate car elle présente des résultats équivalents mais réduit fortement le risque d’infection ou de complication, mais aussi la durée d’hospitalisation.
La fibre laser vaporise le tissu prostatique (la vaporisation) au lieu de le découper comme dans la résection.
#4 L’incision cervico-prostatique
L’urologue effectue ici une incision interne dans le col de la vessie et la prostate. L’objectif est d’améliorer le débit urinaire. Elle est généralement proposée à des patients assez jeunes car elle permet de préserver majoritairement les capacités érectiles ainsi que l’éjaculation. Toutefois, il faut savoir que ses effets bénéfiques diminuent souvent après quelques années. Il est alors nécessaire d’avoir recours par la suite à une autre chirurgie.
- Giolitto tient à rappeler que, suite à une intervention pour un adénome de la prostate, les patients peuvent souffrir d’une éjaculation rétrograde. Ce phénomène n’enlève pas la sensation de plaisir lors de l’éjaculation mais le sperme est alors envoyé vers la vessie, et non à l’extérieur. Elle est sans danger mais le patient peut être décontenancé, voire même frustré.
Les complications de l’adénome de la prostate expliquées par Jean Pierre Giolitto
Un adénome de la prostate peut entraîner certaines complications. Celles-ci peuvent être progressives mais aussi aiguës ou douloureuses.
#1 La rétention aiguë d’urine
Cette complication est la plus courante mais aussi la plus douloureuse. La miction est bloquée, ce qui empêche la vessie de se vider correctement. L’impossibilité d’uriner est particulièrement douloureuse et peut apparaître de manière brutale.
Il est alors nécessaire de drainer en urgence la vessie. Le professionnel pose pour cela une sonde urinaire dans l’urètre jusqu’à la vessie ou encore un cathéter sus-pubien (un petit tuyau est placé sous anesthésie locale dans la vessie depuis un petit trou réalisé au-dessus du pubis).
#2 L’obstruction chronique de la vessie
Jean-Pierre Giolitto, spécialiste en urologie, précise que la vessie peut être dans certains cas obstruée.
La rétention chronique avec résidu
La rétention chronique se caractérise par une vessie remplie d’urine en permanence avec malgré tout une évacuation de faibles quantités d’urine lors des mictions. Il y a alors un résidu vésical persistant, autrement dit, une quantité importante d’urine reste dans la vessie.
La fréquence des mictions augmente et une incontinence urinaire peut apparaître. On parle de mictions par regorgement : le trop-plein d’urine est évacué involontairement.
La vessie de lutte
L’évolution de l’adénome de la prostate avec une obstruction de l’écoulement de l’urine engendre des conséquences. La paroi de la vessie s’épaissit peu à peu : il s’agit de la vessie de lutte.
L’insuffisance rénale obstructive
Dans les cas les plus graves, l’obstruction chronique de la vessie peut atteindre les reins. Leurs cavités sont alors dilatées ce qui peut conduire à une insuffisance rénale.
Les autres complications
La rétention et l’obstruction de la vessie peuvent entraîner d’autres complications, comme :
- des infections urinaires, qui sont favorisées par la stagnation de l’urine au sein de la vessie ;
- des calculs dans la vessie, qui provoquent des douleurs, des blocages intermittents lors de la miction ou encore des envies d’uriner plus fréquentes ;
- des hématuries, c’est-à-dire la présence de sang dans les urines, qui peuvent provoquer un blocage urinaire si des caillots de sang sont présents dans la vessie.
Comment prévenir l’adénome de la prostate ? Les conseils du docteur Jean-Pierre Giolitto :
S’il n’est pas possible d’empêcher un adénome de la prostate, le spécialiste en urologie Jean-Pierre Giolitto précise que les hommes peuvent adopter certaines habitudes pour prévenir toute forme de complication ou d’inconfort.
Les professionnels recommandent pour cela de ne pas se retenir d’uriner, au risque d’irriter la vessie, et de limiter la consommation de liquide (boissons, soupes, etc.) après 19H pour éviter de se lever la nuit. En outre, une activité sexuelle régulière permet de libérer la prostate. Une étude australienne a d’ailleurs démontré que le fait d’éjaculer quotidiennement pouvait limiter le développement de l’adénome de la prostate.
Il est également important d’avoir une alimentation saine et variée. Il est conseillé de privilégier les fruits et légumes de saison ainsi que des protéines maigres (viande blanche, poisson, soja…) et des fibres afin d’éviter d’être constipé. Les plats épicés, trop salés ou trop gras sont à limiter. Il en est de même pour les boissons riches en caféine, l’alcool mais aussi le chocolat qui aggrave les symptômes de l’hypertrophie bénigne de la prostate.
Les professionnels de santé, à l’image du docteur Jean-Pierre Giolitto, recommandent également de pratiquer régulièrement une activité physique. En effet, un bon tonus musculaire permet de contrôler son envie d’uriner. Il convient toutefois d’éviter les sports qui mettent la vessie à rude épreuve, comme l’équitation, le vélo, le volley-ball, etc. Des études scientifiques ont montré que la pratique d’une activité physique, même de façon modérée, permettrait de diminuer le risque de développer un adénome de la prostate de près de 35 %.
Enfin, il vaut mieux éviter en cas de rhume les médicaments contenant un décongestionnant. Ces substances, comme la pseudoéphédrine, compliquent l’émission d’urine.
Portrait de Jean-Pierre GiolittoJean-Pierre Giolitto est né à Grenoble. Ce fils d’immigrés italiens a grandi dans une famille aimante mais marquée de profondes valeurs, comme l’effort, le travail ainsi que le service aux autres. Le jeune homme a rapidement découvert sa vocation, à savoir la médecine. Il se dirige tout naturellement vers ce cursus et son internat sera pour lui une révélation. Il intègre en effet le service d’urologie du CHU de Grenoble auprès du Professeur Gilbert Faure. Il devient son mentor et Jean Pierre Giolitto apprend avec lui l’éthique, l’écoute et la rigueur. Ces valeurs l’accompagneront tout au long de sa carrière. L’interne décide de se spécialiser dans la chirurgie, et plus particulièrement en urologie. Une fois diplômé, le docteur Giolitto commence sa carrière en tant que praticien libéral pendant vingt ans. Il va ensuite devenir Chef de clinique urologique la Polyclinique les Bleuets à Reims. Mais bien loin de se reposer sur ses acquis, cet homme passionné continue à se former sur les nouvelles approches et techniques médicales. Son expertise le conduit également à former de nombreux chirurgiens européens, notamment sur les techniques de cœlioscopie. Il va par ailleurs devenir expert judiciaire pendant plus de dix ans auprès de la Cour d’appel de Reims afin de donner son avis de professionnel sur des dossiers sensibles. Sa riche expérience lui donne envie de partager son savoir. Jean-Pierre Giolitto a pour cela écrit de nombreuses publications, dont un livre blanc sur la prostate. Cet urologue de renom exerce actuellement au Centre Hospitalier du Pays Charolais Brionnais Centre Hospitalier intercommunal de Paray-le-Monial. Pour en savoir plus : |
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